Le voandalana : les fruits du voyage, une tradition Malagasy

À Madagascar, quand on rentre de voyage, on ne revient jamais les mains vides. C’est une habitude, une attente, presque une règle non écrite : on ramène un voandalana. Ce mot, typiquement malgache, en dit long sur le lien entre les gens, les lieux, et les souvenirs.

Une coutume profondément ancrée

Le mot voandalana vient de deux mots malgaches : voa qui signifie « fruit », et lalana qui veut dire « route ». Littéralement, c’est donc le « fruit de la route » ou le « fruit du voyage ». Mais dans la réalité, c’est bien plus que ça.

Le voandalana, c’est ce petit quelque chose que l’on rapporte à sa famille ou à ses proches après un déplacement. Pas besoin que ce soit cher ou exceptionnel.

Un sachet de fruits achetés au bord de la route, un paquet de bonbons, un objet artisanal, tout peut faire l’affaire. Ce qui compte, c’est l’intention : montrer qu’on a pensé à eux, même en étant loin.

À Madagascar, cette habitude est présente partout. Quand quelqu’un part en voyage, on lui souhaite : Soava dia “bon voyage”.

Et quand il revient, la première question qu’on lui pose, souvent avec un sourire, c’est : Aiza ny voandalana ? “où sont les voandalana ?”

Ce n’est pas de la curiosité mal placée. C’est une manière affectueuse de marquer le retour. Le voandalana, c’est un symbole de lien, de continuité, d’attention.

Et peu importe la durée ou la destination du voyage. Même après un petit aller-retour dans une ville voisine, on essaie de ramener un souvenir, même modeste.

Ce qu’on ramène dépend de la région

Madagascar est une île très variée. Chaque région a ses produits phares. C’est pour ça que les voandalana changent selon l’endroit d’où l’on revient :

  • Du Sud : on rapporte souvent du vin d’Ambalavao ou des objets artisanaux comme des sculptures ou des tissus faits main.

  • Des Hautes Terres (Antsirabe, Vakinankaratra) : fruits tempérés (pommes, poires), légumes de saison, carottes ou pommes de terre.

  • De l’Est : des fruits tropicaux comme les pommes cannelles, les corossols, les bananes ranjaly, ou des épices comme la vanille ou le poivre.

  • Du Nord : des fruits séchés, des achards confits, ou de jolies bouteilles artisanales décorées avec du sable coloré.

  • De l’Ouest : des produits autour du baobab, comme ses fruits ou des objets faits avec ses fibres.

Des exemples concrets qui font plaisir

Le voandalana, c’est souvent de la nourriture. Voici quelques exemples très appréciés :

  • Des bonbons Pecto ou des bonbon anglais (la fameuse limonade locale).

  • Une canette de THB (la bière nationale), même si c’est lourd !

  • Du kobandravina (gâteau traditionnel à base de feuilles de manioc).

  • De la pâte de piment faite maison, avec de l’ail, bien parfumée.

  • Des crevettes séchées (patsa), utiles pour les soupes et le riz.

  • Des légumes déshydratés ou des herbes comme la citronnelle.

  • Du rhum Dzama ou un rhum arrangé maison (par exemple, au litchi).

  • De la farine de riz, pour faire des gâteaux.

  • Des cubes Jumbo (les célèbres bouillons) – un classique des cuisines malgaches.

Ce sont des choses simples, du quotidien, mais elles font toujours plaisir. Elles rappellent la maison, les saveurs d’ici, les gestes familiers.

Une tradition vivante, même à l’étranger

Même les Malgaches de la diaspora perpétuent cette habitude. Lorsqu’ils rentrent au pays, il est attendu qu’ils apportent quelque chose : chocolat, parfum, objets symboliques de leur pays d’accueil…

Et inversement, ils ramènent à l’étranger un petit bout de leur île : brèdes séchées, vanille, rhum Dzama, du riz malgache (vary gasy) – souvent rapporté par nostalgie – ou même du koba soigneusement emballé.

Cela reflète bien la fonction principale du voandalana : un pont entre les lieux, une manière de faire voyager ceux qui n’ont pas pu partir.

Et les voyageurs dans tout ça ?

Si vous êtes un voyageur de passage à Madagascar, n’hésitez pas à entrer dans cette belle tradition. Apportez un petit souvenir de chez vous à vos hôtes, un produit local, un objet typique de votre culture. Ce geste, même tout simple, est toujours bien vu.

Et si vous repartez de Madagascar, pensez à ramener des spécialités de l’île : vanille, rhum, artisanat, fruits secs, etc. C’est une belle manière de partager ce que vous avez vécu ici avec d’autres.

Une belle philosophie

Le voandalana, ce n’est pas juste un cadeau. C’est une manière de dire : « J’ai pensé à toi »

C’est un geste simple, accessible à tous, mais qui véhicule beaucoup d’amour et d’attention. Il incarne cette hospitalité chaleureuse et ce sens de la famille si caractéristiques de la culture malgache.

Rentrer de voyage avec les bras pleins, même modestement, c’est prolonger la route, l’histoire et les souvenirs… jusqu’à la table familiale.